Smog ShadowSeth a écrit :Aaah, donc c'est à cause de ça que la maréchaussée locale t'avais retenu quelques heures suite à une plainte de ce monsieur "muh legacy"? J'avais pas fait le rapprochement lorsque t'avais raconté ça sur mumble...
Non non, le monsieur qui m'a fait "mais, c'est MON rack !" il m'a pas fait de soucis du genre, il a été très butthurt mais il m'a pas fait d'autre crasse.
Non, si j'ai fini quelques heures au poste pour une plainte pour "coups et blessures", c'est à cause d'un crétin de consultant japonais.
(J'ai eu aussi deux trois fois à témoigner, notamment pour l'affaire "Rise of the machines (not.)" puisque j'avais été aux premières loges pour découvrir la merde)
Consultant / Roi des Cons / Wesh t'as pas une clé USB là vite fait ?
C'est en fait une suite au projet de monsieur "je bosse dans /tmp".
Le patron de la boîte de consultants qui était sur place (très, TRES gros contrat ; et notre CTO était actionnaire de la boîte de consulting en question...

)
Et il y avait beaucoup de disputes autour de qui serait le porpriétaire du bébé.
Et là, donc, le monsieur vient me voir.
-"Dis, je te file une clé USB vite fait là, tu peux me faire un checkout de tout le projet ?"
-"Euh... T'as une autorisation écrite de la direction ? Je sais que le contrat de licence, et les négos pour décider qui est le proprio pour ce truc sont pas faits."
-"Oh allez quoi, t'es pas cool, je croyais qu'on était potes, allez quoi !"
-"C'est pas la question, si j'ai pas un papier écrit de la main du CTO, je le ferai pas, un point c'est tout !"
-"OUAIS ALORS TA GUEULE DE TOUTE FACON TA DIRECTION C'EST MOI QUI LUI DIT QUOI FAIRE ALORS TU VAS FAIRE CE QU'ON TE DIT SINON-"

hurle-t-il en m'empoignant par le col de ma chemise. En faisant une tête de moins que moi. Dans l'openspace. Où cinquante personnes viennent de se retourner.
-"...sinon quoi ?"

dis-je très calmement en prenant ses mains et en les retirant de mon col.
°oO("Mais oui mec vas-y donne-moi une raison de passer en légitime défense, vas-y. Tu réalises que je fais une tête de plus que toi et du fitness ?"

)
Le mec se fait escorter très "gentiment" par notre sécurité avec interdiction de revenir sur les lieux tant qu'il ne s'excusera pas à genoux devant tout le monde. Sisi, je suis sérieux. Le CTO ricain lui a demandé un putain de dogeza.
Une semaine plus tard... Je suis convoqué à la police, depuis le taf, pour une histoire de coups et blessures.
En gros, le profil de l'ingénieur étranger dans la finance qui a frappé son collègue japonais, sous le coup de l'énervement, ça avait paru crédible à la police. (Et le pire c'est que c'est statistiquement vrai) Vous l'aurez compris, le monsieur a décidé de se venger très bassement.
Je vous épargne tout le détail du dialogue avec les képis, il suffira de dire que je n'ai pas drop une seule seconde le niveau de politesse avec ces messieurs de la police, qui se sont du coup demandé si ils avaient bien le bon mec, puisque j'insistais sur le fait que je n'avais pas besoin d'un traducteur, et que je n'avais jamais levé la main sur ce monsieur. A l'inverse, lui, par contre...
Ils ont au départ refusé de prendre le témoignage de mes collègues, prétextant une complicité... Jusqu'à ce que je rappelle qu'on a une agence externe de sécurité qui avait reçu l'ordre de ne pas laisser le monsieur revenir. Là, ils ont commencé à se bouger... Jusqu'à ce que la secrétaire du CEO appelle la banque pour leur sonner les cloches et leur dire clairement "vous êtes mauvais, vous avez même pas envisagé que le consultant japonais ait pu mentir dans sa déposition ? Il n'y a pas eu de violence, vous avez un témoignage objectif pour le prouver, alors vous allez être gentils et vous allez nous rendre notre ingénieur".
Ca s'est fini avec un procès entre la banque et le monsieur.
La même journée j'ai eu un triple combo :
- Les flics (ci-dessus)
- Réunion de projet pour la "gestion standardisée des comptes UNIX" : installer du SSH1 partout, avec la faille de sécurité si connue. J'ai menacé de démissionner si je n'avais pas une déclaration signée d'huissier que mon cerveau en tant qu'ingénieur n'avait rien à voir dans la décision.
- Réunion de staffing où je disais que j'en pouvais plus d'être le seul ingénieur restant, c'était trop dangereux pour la boîte et où on m'a répondu : "allons, voyons, tu te débrouilles très bien tout seul, non ? Tiens bon encore un peu." -> ma réaction après le cumul de tout ça ?
Neo, you are the (SSH) One. / A quoi il sert ce user ?
La boîte se trimballait une pléthore d'UNIX, des Solaris, des AIX, des HP UX, des Linux, des OpenBSD, des FreeBSD... Et les comptes n'étaient pas synchronisés.
Quelqu'un a donc proposé un projet à 100MY de yens pour fabriquer un soft qui synchroniserait tout.
Avec dix millions de yens par type d'UNIX supplémentaire à gérer.
Les mecs avaient aussi une lubie, lister tous les comptes UNIX dans /etc/passwd, et faire un plan pour retirer tout ce qu'ils connaissaient pas et qui donc ne servait à "rien". Mééééé bien sûr.
"Et à quoi il sert le compte daemon ? Et nobody ? Et root ?

Et sys ? Et uucp ?"
Bref, un désastre qui se préparait.
J'avais fabriqué dans mon coin une panoplie de scripts shell capables de créer des comptes depuis l'Active Directory, et faire l'authentification SSH en Kerberos via Active Directory, avec une option d'authentification locale à base de clé SSH stockées dans le domaine aussi. Et quand j'ai proposé ça et que j'ai dit que ça annulait le besoin du projet à 100MY, les chefs sont devenus verts de rage ("Ah. Backchiche spotted."), que je me mêlais de ce qui ne me regardait pas, et que c'était intolérable qu'un vulgiare ingénieur se permette ce genre d'initiative.
Bref, c'est là qu'ils ont tenté de m'imposer une version de SSH1... proposée comme par hasard par la même boîte, tiens.
-"Donc voilà, on va utiliser ton idée, mais tu vas remplacer OpenSSH par SSH1 partout."
-"...Hors de question. C'est un risque de sécurité inacceptable et-"
-"Comment ça 'hors de question' ? C'est un ORDRE ! Tu VAS le faire".
-"Non."
-"C'est de l'insubordination, c'est ça ?"
-"Non, c'est juste que en tant qu'ingénieur je ne peux pas cautionner une décision pareille."
-"On en a rien à faire de ton avis d'ingénieur, tu VAS le faire !"
-"Non. Ou alors vous signez une déclaration stipulant que je n'ai été qu'exécutant, que je vous ai avertis des risques, et que mon cerveau et ma volonté n'ont aucun rapport avec ce projet."
-"Comment ça déclaration d'huissier, pour qui tu te prends ?!"
-"Formulons la chose autrement : si vous ne me donnez pas cette garantie, je démissionne tout de suite, et vous parlerez à mon avocat."
-"Quoi ?"
-"Il vous en faut plus ? Je ne veux pas être là quand vous vous ferez défoncer encore plus profondément que Sony avec le Playstation Network. Libre à vous de devenir le successeur de Sony, mais moi je ne veux rien avoir à faire avec ça."
Et LA, j'ai vu aux réactions dans leurs yeux qu'ils commençaient à réaliser que je ne cherchais pas à foutre en l'air leur agenda pour le plaisir, et qu'ils touchaient à quelque chose de tellement dangereux que je sortais la carte "avocat", sortant du technique pour passer au juridique.
tl;dr: j'ai contourné une protection physique de serveur à l'aide d'une fourniture de bureau présente en abondance dans n'importe quelle entreprise.
Ah, ça, ça me fait penser à la fois où un de nos gugusses de la gestion du bâtiment avait eu une lubie et nous a empêchés d'entrer dans l'étage datacenter, de telle heure à telle heure. Comme par hasard un jour où j'avais besoin de bosser sur une cochonnerie de truc legacy pas connecté au reste du réseau.
Juste avant le blocage, j'ai ramené un PC en bas, mis un dongle Wi-Fi au cul de la machine pour continuer à bosser, depuis la porte d'entrée du datacenter.
Ceci venait après justement une autre affaire très mignonne...
Trop de sécurité tue la sécurité
Un jour, les mecs du département "gestion du bâtiment" ont eu une lubie pour pourrir la vie à l'informatique.
Il faut savoir, on avait déjà un capteur qui vérifiait l'iris pour valider l'entrée dans le datacenter, et un sas, et un garde externe qui surveillait.
On peut dire qu'on avait pas forcément vraiment besoin de plus.
Mais ça ne les a pas empêchés...
DE TESTER UN DETECTEUR DE METAUX A L'ENTREE DU DATACENTER
Pendant les heures de business !!
Arriva ce qui devait arriver pendant le test, un serveur était tombé en panne et il fallait remplacer son disque et le faire repartir.
Sauf que, l'équipe testait le détecteur de métaux à ce moment-même, il était genre ... 14H.
Il y avait une poufiasse finie qui supervisait les opérations, le genre coincée du cul "tu es de la merde", "je te prends de haut".
-"Euh, je peux entrer ? On a une urgence"
-"Non, les tests ne sont pas finis."
-"C'est une urgence, il y a une réparation à faire !"
-"Et bien passez le détecteur de métaux"
-"...Je dois amener un disque dur à l'intérieur !"
-"Je m'en fiche, passez le détecteur."
Evidemment, ça ne passe pas. Et surtout, le détecteur n'est pas débranchable tant que les tests ne sont pas finis, le seuil n'est pas réglable, et le programme pas désactivable non plus tant que c'est branché parce que ce serait trop compliqué.
Et là, j'ai snap.
J'ai porté la main à la ceinture, et j'ai commencé à retirer mon pantalon (jeans, avec les bouts en métal et tout le bordel).
La poufiasse de service du bâtiment évidemment se met à péter un cable.
-"Mais, MAIS, MAIS QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ??"
-"Je trouve des solutions, vous voulez pas ou vous pouvez pas couper ce détecteur, et moi je dois rentrer."
-"Mais enfin ! o_o"
-"Ecoutez, il y a pour 20 millions de yens de matos qui doit être réparé là-derrière, c'est vous qui allez payer si on peut pas les réparer ?"
Je pariais sur la chance qu'il y ait aussi un stock de disques durs de l'autre côté pour faire ma réparation.
Je suis donc rentré en slip dans le datacenter, et la sécurité s'est totalement bidonnée en voyant ça.
Et j'ai gagné mon pari, il y AVAIT des disques de stock de l'autre côté. XD