Mobile Fighter G Gundam (1994-1995)
Si l'on devait choisir la série
Gundam la plus représentative de la saga,
Mobile Fighter G Gundam serait probablement tout en bas de la liste ; mais si l'on devait sélectionner celle qui est la plus déjantée, alors
G Gundam serait loin, loin devant. Un décalage qui en dit beaucoup et pas assez, car cette série contient également pas mal de surprises.
Le premier terme qui me vient à l'esprit en pensant à
Mobile Fighter G Gundam est « aventure », genre que j'affectionne en particulier. Délaissant le space opera et le récit de guerre par rapport aux autres séries
Gundam, elle se concentre sur le parcours de Domon Kasshu, sur ses tribulations à travers la planète Terre, à la recherche d'adversaires dans le cadre du Gundam Fight, tournoi où s'affrontent les meilleurs combattants de chaque nation et dont Domon est le représentant de Neo Japan, à bord de son Shining Gundam. Mais le héros, en compagnie de sa partenaire Rain Mikamura, cherche en parallèle des indices sur son frère ainé, qui aurait il y a quelques années auparavant volé un Gundam surpuissant et maléfique, le Devil Gundam. Un récit d'aventure avec donc un double enjeu, une histoire de voyages où l'on voit beaucoup de pays différents, et aussi une série avec de la grosse baston !
Les combats entre Gundams sont le point d'orgue de chaque épisode et ceux-ci se font, hors rares exceptions, au corps à corps viril. Les participants sont en effet des experts en arts martiaux ou des combattants aguerris et ils dirigent les mouvements de leur robot selon les gestes qu'ils effectuent dans leur cockpit. On est donc loin de la volonté de « réalisme » qui habite les séries
Gundam précédentes, où les méchas se contrôlent grâce à des manettes et des multiples boutons : ici, c'est du
super robot qui fait transpirer ! Les combats sont ainsi l'occasion de voir des coups et prises spéciaux et d'entendre les cris de bête des pilotes plongé dans les affrontements, tout est là pour plaire aux fans de robots géants qui se tapent sur la tronche ; et la palme revient souvent à Domon et son Burning Finger démolissant tout ce qui se met en travers de son chemin. Et pour renforcer l'impression de suivre une compétition, un commentateur nous résume la situation à chaque début d'épisode et lance la trame de celui en cours, terminant immanquablement son discours par un « GUNDAM FIGHT, READY? GO! »
Au cours de son voyage, Domon va nouer des liens avec certains de ses adversaires ; et suite à des circonstances particulières, ils formeront tous ensemble un groupe s'opposant au Devil Gundam. Ce qui réunit chacuns d'entre eux, c'est d'abord la reconnaissance entre guerriers, le respect mutuel des personnes s'étant affrontées ; des amitiés vont aussi se former pour composer au fil du temps un groupe soudé. Les compagnons de Domon amènent chacun avec eux, tout comme le héros, un ou plusieurs autres partenaires, ce qui donne rapidement une large galerie de personnages qui elle-même apporte son lot d'histoires annexes. On remarquera vite que ce qui lie les pilotes à leurs
sidekicks est souvent une relation amoureuse, différente pour chacun : amour semi-paternel, amour-haine, amour de conte de fée, amour d'enfance, bref l'amour tient aussi une large place dans les thèmes de
G Gundam. D'autres personnages viennent en plus se greffer à ce déjà vaste groupe et le plus important d'entre eux est certainement le maître de Domon, Master Asia, surnommé l'Invaincu de l'Est. Sacré plusieurs fois champion du Gundam Fight, étant capable de vaincre un mécha à mains nues, c'est le mentor de l'extrême, celui qui détient tout le savoir et la passion du combat. C'est peu de dire qu'une grosse partie du délire de
G Gundam tourne autour de ce personnage fantastique qui donne envie de se laisser pousser la moustache.
Interlude
Car rappelons-le,
G Gundam est une série folle. Non pas dans son rythme, qui est somme toute assez calme et normal pour une série de 49 épisodes, mais dans les éléments de son histoire. Les Gundams de chaque nation et leurs pilotes sont ainsi bien souvent des caricatures de leur pays respectif ; on peut se délecter ou se tordre de douleur rien qu'en évoquant le pilote de Neo-France, un homme du nom de George de Sand dirigeant un mécha coiffé d'un bicorne, portant une cape et se battant avec un fleuret et des roses ! Les combats donnent ainsi souvent lieu à des situations cocasses, amplifiées par le sérieux des combattants, fiers de leur Gundam-moulin ou de leur Gundam-poisson. Quelques personnages apportent aussi des touches d'humour, comme Sai Saici, le jeune pilote facétieux de Neo-China. Un humour pas forcément hilarant, se rapprochant plus de la bêtise adolescente, mais un humour quand même !
G Gundam a donc un ton léger et dingue, s'envolant facilement dans l'absurde ; cependant ce serait aller trop vite que de la résumer à du grand n'importe quoi.
G Gundam possède en effet une double trame, le Gundam Fight et la recherche du Devil Gundam. Ce second scénario est bien moins léger et apporte de nombreux complots et drames. Si l'enchaînement des combats peut rapidement être considéré comme répétitif, l'enquête sur le Devil Gundam est par contre assez intéressante et permet de conserver l'intérêt. Les épisodes les plus marquants de la série sont d'ailleurs ceux laissant la place complète pour ce scénario et c'est aussi là où les personnages prennent le plus d'ampleur dramatique. On peut diviser
G Gundam en deux grandes histoires - la séparation se faisant à la mi-saison - et les derniers épisodes de chacune d'entre elles proposent leur lot d'actes courageux et de combats impressionnants. Il ne faut cependant pas s'attendre à un scénario habilement ficelé et à des rebondissements incroyables ; la série use souvent de grosses ficelles ou fait réagir bêtement ses personnages pour déclencher des problèmes. Le cas le plus évident est celui du héros, qui au départ apparaît comme un jeune homme mystérieux et surpuissant pour devenir plus tard un adolescent impulsif et caractériel doutant à tout va ; cette modification est certes là pour conférer à Domon une recherche de soi à travers les combats (et pour coller ainsi un peu plus au public adolescent), mais on ne peut s'empêcher de constater la maladresse de la mise en œuvre. Malgré cela,
G Gundam délivre des moments tragiques qui n'ont rien de ridicule et donnent du crédit supplémentaire à une série qui aurait très bien pu se contenter d'être simplement
over the top.
Au final ce serait peu dire que j'ai été enchanté par
Mobile Fighter G Gundam. Si la tension baisse parfois et que l'on voit venir le déroulement de certains épisodes rapidement, la série reste tout de même agréable à suivre, servie par des
seiyū déchaînés et une réalisation honorable qui se lâche totalement lors des épisodes finaux. Je lui mets donc un AAA, pour Adolescence - Aventure - Action, et la place dans mon cœur d'amateur de ferraille parmi mes séries de gros robots préférées.